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Histoires d’expat’ : Maya, professeur des écoles aux USA

Dans notre série Histoires d’expat’, le témoignage de Maya, expatriée pour être professeurs des écoles aux USA. Découvrez comment, après plusieurs années d’enseignement aux USA, elle est devenue américaine et professeurs dans une école publique.

Pourquoi avoir voulu enseigner aux USA?

Quand j’étais adolescente, mes parents m’ont envoyée deux fois en séjours linguistiques dans des familles aux américaines, d’abord en Louisiane puis dans le Missouri. Ces expériences qui me sortaient complètement de la cité où j’habitais à Marseille m’ont marquée à vie. Je me sentais tellement mieux dans ce pays. J’aimais la langue et les gens me paraissaient plus libres. J’ai grandi dans un milieu où tout le monde était jugé en permanence, particulièrement les filles. J’étais très mal dans mon environnement scolaire. Aux USA, j’avais l’impression que les gens étaient plus sympas et je me sentais acceptée comme j’étais. J’aimais apprendre la langue aussi. J’ai vite compris que les enseignants français avaient beaucoup d’opportunités de partir à l’étranger donc j’ai foncé dans cette voie.

 

Comment s’est passé le recrutement pour devenir professeur des écoles aux USA ?

Aux USA, il n’y a pas de contrat de résidents ou d’expatriés mais uniquement des contrats locaux. J’ai donc envoyé mon CV par email directement à toutes les écoles françaises que j’ai trouvées en ligne. Les sites internet des écoles disaient souvent qu’il fallait trois ans d’ancienneté minimum mais dans les faits, on m’a proposé un contrat à San Francisco avec un an d’ancienneté à peine. C’était mon rêve mais j’ai appris la même semaine que j’étais enceinte alors j’ai décliné l’offre. L’année suivante, on m’a proposé un poste à New York et j’ai également refusé car j’avais peur que le salaire soit insuffisant pour vivre à trois. Je passais beaucoup d’entretiens bien que je sois débutante et j’ai eu beaucoup d’offres. Mais financièrement, c’était un peu juste.

La troisième année, j’ai été prise à Washington DC et on a fait le grand saut. J’ai demandé un détachement et j’ai continué à payer les cotisations pour ma retraite française tout en étant payée par mon école. Je me suis inscrite à la CFE et MGEN pour la santé. C’était très cher et les démarches de remboursement étaient longues et compliquées. Depuis, je sais que c’est devenu beaucoup plus simple.

Washington DC
Washington DC

Comment s’est passé l’accueil dans l’école ? Quel est le profil des autres enseignants ?

Dans cette école en particulier, beaucoup d’enseignants étaient comme moi détachés de l’éducation nationale. Une grande partie était là depuis longtemps. L’accueil a été bon et l’intégration très facile car c’est une région où il y a beaucoup de francophones. On ne se fait pas des amis américains facilement, tous les français vous le diront. Mais du fait de la communauté internationale et parce que c’est une grande école, notre vie sociale s’est vite développée et nous nous y sommes fait des amis pour la vie dont certains sont devenus une famille.

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La classe de Maya

Donnez-nous un aperçu de la vie au quotidien aux USA.

A Washington, la vie est facile pour les expatriés du fait de la communauté internationale. Les gens ont l’esprit ouvert, il y a beaucoup d’étrangers et on trouve ce qu’il faut comme nourriture. C’est la préoccupation numéro un des français aux Etats-Unis ! Pour nous qui sommes de Marseille, l’hiver était un peu trop froid et trop long. Et les étés sont extrêmement humides. Comme partout dans le pays, la vie est très chère et en quatorze ans à Washington nous n’avons jamais pu acheter une maison. Mais la ville est très riche culturellement, et nous avons également fait de belles vacances un peu partout aux Etats-Unis, mais aussi au Canada, Mexique et Costa Rica.

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Vacances dans l’ouest américain

Aux USA, la question des visas est très stressante pour les travailleurs étrangers et donc aussi pour les profs français. Après des années d’angoisses et de rebondissements, nous avons pu obtenir la carte verte. Généralement, les écoles françaises offrent un visa J1 valable 5 ans qui permet au conjoint de travailler. Ensuite, elles ne proposent pas toujours un autre visa et les profs sont souvent obligés de partir. Nous avons vu des collègues en situations désespérées car ils n’avaient plus de visa ou plus les moyens de vivre aux Etats-Unis, la plupart ont dû partir alors qu’ils avaient envie de rester.

Quand on a le visa, tout va !

Comment se déroule l’enseignement au quotidien ?

Tout dépend de l’école, de ses programmes et de son organisation. Même au sein du réseau AEFE ou MLF, il y a des grandes différences d’un établissement à l’autre. Pour ma part, c’était très proche des écoles de France. J’avais une demi-journée libre par semaine. Mes élèves avaient cinq jours de classe avec des heures d’Anglais quand je n’étais pas là. Certains parents étaient exigeants mais la majorité m’a toujours soutenue. Il m’a fallu juste m’habituer à leur parler autrement que dans les quartiers nord de Marseille. Durant ma première année, je me suis pris quelques claques (psychologiquement). Il faut se mettre dans le contexte d’une école privée où les gens paient des milliers de dollars par mois. On en demande beaucoup aux profs dans ces écoles privées, il y a une certaine pression du résultat. Il faut vouloir être dévoué à l’école, faire des réunions supplémentaires, participer à des événements hors temps scolaire etc…

A Washington, les parents d’élèves travaillaient majoritairement dans la politique, les ambassades ou les grandes institutions internationales: Banque Mondiale, FMI, …, un milieu très privilégié. Dans mon école publique près de Los Angeles, c’est un public très différent. C’est un mélange de familles beaucoup plus modestes ainsi que d’artistes: acteurs, musiciens, cinéastes, scénaristes, écrivains etc. D’ailleurs, ma fille aussi a toujours été portée sur les arts et ici elle a pu commencer à jouer dans de petites productions. Elle a aussi pu intégrer un lycée public avec un programme artistique très complet. En restant dans le système scolaire français, elle n’aurait pas eu accès à tout cela.

Quels conseils donneriez-vous pour les personnes intéressées pour devenir professeur des écoles aux USA ?

Je dirais d’abord de venir avec beaucoup d’argent de côté et de ne pas se laisser impressionner par les salaires que les écoles proposent. Ça parait beaucoup quand on vient de France, mais quoi qu’on vous propose, ce ne sera jamais assez  (voir l’interview de Mélanie qui évoque ce problème récurrent). Beaucoup de jeunes profs vivent en colocation. On va vous dire que durant vos deux premières années sous visa J1, vous ne paierez pas d’impôts, mais attention dès la troisième année c’est entre 20 et 30% de votre salaire qui vont disparaitre. Votre détachement et votre assurance santé vont aussi vous couter cher. Alors faites des réserves avant de postuler.

Ensuite, n’attendez pas que des annonces apparaissent. Envoyez votre CV dès le mois de novembre car les écoles commencent les recrutements de plus en plus tôt. Si vous rêviez des USA mais que vous n’êtes pas pris, partez ailleurs un an ou deux. D’abord, vous risquez de tomber amoureux d’un autre pays. Ensuite, les écoles du réseau français ont tendance à recruter plus facilement des profs qui ont déjà une expérience à l’étranger. Donc vous aurez plus de chance l’année suivante. On retrouve souvent les mêmes profs qui tournent sur les établissements du réseau et connaitre du monde ça aide. Si vous êtes un parent en recherche d’école française, allez vers celles qui ont une majorité de professeurs de l’éducation nationale. C’est souvent un signe que l’école reste proche des programmes et de l’état d’esprit français, mais aussi du niveau !

 

Comment êtes-vous devenue professeur des écoles aux USA dans une école publique ?

Pendant la crise du covid, mon mari a eu une opportunité d’emploi en Californie, notre rêve. Nous sommes venus avec nos deux enfants qui avaient toujours été scolarisés dans mon école française. Nous les avons mis en école publique près de Los Angeles. Ma fille a adoré, mon fils beaucoup moins. Il est aujourd’hui retourné dans une école française car il se sent mieux dans une communauté internationale encadré par des profs sérieux. De mon côté, je ne me voyais plus continuer à travailler dans le privé. J’ai fait une demande pour obtenir ma certification de professeur des écoles de Californie (California Multiple-Subject Teaching Credential). J’ai une autorisation temporaire pour cinq ans durant lesquels j’ai quelques examens à passer pour que ma certification soit définitive.

Je travaille actuellement dans un programme d’immersion française dans une école élémentaire publique où j’enseigne 90% en Français. Mais ma certification me permet aussi d’enseigner le programme américain en Anglais. J’ai choisi cette voie pour plusieurs raisons : moins de pression des parents et de l’administration, flexibilité d’emploi (on peut postuler dans n’importe quelle école), les salaires et « benefits » sont plus attractifs (les syndicats sont performants). Je n’ai plus de demi-journée libre par semaine, mais je n’ai aucune  réunion après l’école (les élèves quittent à midi un jour par semaine et nous avons nos réunions) et je quitte le travail tous les jours à 14h30 ce qui me
permet d’avoir plus de temps pour moi. Je cotise maintenant pour une retraite californienne. Je ne regrette pas ce choix. J’ai été naturalisée l’an dernier et je me vois plus comme une immigrée qu’une expat’. Ma vie est en Californie maintenant et me voir reconnue comme enseignante d’une école publique est pour moi l’étape ultime de mon intégration dans ce pays.

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La plage de Newport Beach, un des endroits préférés de Maya pour les week-ends en famille

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