Parmi toutes nos histoires d’expat, celle-ci est celle qui m’a étonné le plus. Nous avons déjà interviewé des professeurs à l’étranger, comme Mélanie en Californie ou Nicolas en Utah (je viens de réaliser que cela rime, mais promis ce n’est pas fait exprès !). Mais enseignant en freelance, vous saviez que ça existe ? Retour sur le parcours exotique de Julien et focus sur ce nouveau métier !
Pourquoi avoir voulu enseigner à l’étranger ?
Mon désir de travailler à l’étranger, peu importe le métier, a toujours été très fort et présent. J’ai postulé un peu par hasard car mon CDI de prof était remis en questions suite à restriction budgétaire (fermeture de poste en France). J’ai enseigné au Costa-Rica, au Nicaragua, aux Canaries…
Comment s’est passé le recrutement ?
J’ai toujours travaillé en local car non titulaire. Je tenais déjà trop à ma liberté. Au Costa Rica, j’étais en AEFE, comme au Nicaragua. Le recrutement du Costa Rica s’est passé basiquement, envoi de CV puis entretien avec personne du RH puis appel avec le directeur. Il a fallu tout arrêter en 1 mois et demi pour être au Costa Rica début février 2008.
Je suis parti au Nicaragua suite à un désaccord avec la nouvelle direction (les accords verbaux ne tenaient plus suite au départ du directeur), pour un CDD d’un an pour remplacer un résident. À l’issue de cette année, l’état allait financer de nouveau un résident donc je devais trouver autre chose.
J’ai trouvé à travers la MLF à Tenerife aux Canaries pendant 2 ans.
Suite à cela, j’ai tenté l’aventure du freelancing.
Comment s’est déroulé l’accueil dans les différentes écoles ?
L’accueil n’a jamais été trop mauvais (sauf Nicaragua où l’ambiance était particulière). Ce que je soulignerais le plus, c’est que les différences de salaires en AEFE peuvent être très grandes entre les résidents et les locaux, ce qui crée des tensions. En MLF, tout le monde est salarié en local, les titulaires ont une prime particulière, mais qui ne leur donne pas 4 ou 5 fois plus de salaire, contrairement en AEFE.
Quel est le profil des autres enseignants ?
La majorité sont issus des résidents titulaires EN, les locaux sont souvent là pour le reste des postes.
Racontez nous la vie au quotidien dans ces différents pays.
Le quotidien est assez classique, c’est surtout la nourriture qui change, voire les coutumes. Il faut savoir que ce sont des élèves dont les parents paient 500 à 700 € par mois et par enfant donc le relationnel s’en trouve parfois perturbé, c’est une réelle entreprise dans laquelle on travaille.
Malgré tout, le fait d’avoir toujours travaillé dans des pays chauds implique de réels changements dans notre quotidien hors la classe, plus de virées à la plage, le pouvoir d’achat étant très bon, on peut partir tous les week-ends en hôtel ou dans une autre ville découvrir et visiter.
Comment se déroule l’enseignement au quotidien ? (différence similarités avec la France)
L’enseignement était pour moi le même car je suis professeur de sciences. En histoire-géo par contre les cours sont divisés entre la partie locale et la partie française.
J’ai toujours remarqué un niveau de français supérieur car ils étaient dans l’intérêt de l’apprendre et bien l’écrire et le prononcer.
Pour vous, quels ont été les points forts et points faibles de chaque pays où vous avez enseigné ?
Au Costa Rica, le point fort est incontestablement la nature luxuriante et le relationnel avec les gens incroyables. Point faible, une vie chère, une excellente communication, niveau marketing car ce pays est loin d’être si « bio » que l’on pourrait le croire.
Au Nicaragua, le point fort est l’accès à des paysages incroyables et des activités dingues. Nous avons fait de la luge sur un volcan ! La mer est paradisiaque (comme au Costa Rica). Nous avons par contre eu du mal à nous habituer au caractère des gens, c’était un peu particulier, difficile à expliquer.
Pour Tenerife, le point fort est la proximité de l’Europe car c’est l’Espagne. Donc tout le confort mais aussi un super climat, le printemps éternel, et des gens très sympas, et en point faible…c’est l’Europe donc une augmentation très forte des taxes en ce moment entre autres.
Pendant le freelancing (voir plus bas), nous avons vécu un an et demi au Mexique : vie peu chère, climat très agréable, gentillesse des personnes. Côté points négatifs, c’est une police à problème avec la corruption et une nature parfois agressive (impossible de vivre en pleine nature sans courir un risque.) Le Mexique a été un vrai coup de coeur car tout est top : paysage, relationnel et avec un pouvoir d’achat nous permettant de vivre confortablement.
Quels conseils donneriez-vous pour d’éventuelles personnes intéressées ?
D’y aller. Clairement. Cela donne une ouverture au monde et des rencontres formidables et tout cela change la vie.
Pour être pris en poste à l’étranger, l’idéal est le profil multiposte. Personnellement, je fais maths et sciences et cela m’a ouvert beaucoup de portes.
Je conseille également de bien prendre en compte l’intégration dans les pays où l’on candidate. C’est parfois plus compliqué en fonction du pays et de son histoire avec les Français, les occidentaux, etc…De notre coté, surtout en Amérique latine, le Français n’est pas très bien vu. On s’efforce alors de montrer une image clean car on est attendu au tournant…Pour vivre bien sur place, il ne faut pas oublier de consommer local : la vie sera chère si on veut son confort européen. Nous avons vu des piquettes de vin à 10€ la bouteille ou un simple camembert à 10€ aussi ! Le maitre mot de l’intégration au final est de ne pas arriver en « colon » comme certains ont tendance à faire mais plutôt chercher le relationnel local car cela est souvent très apprécié.
Comment vous est venue l’idée d’exercer en free-lance ? En quoi cela consiste-t-il ?
En réalité, je suis devenu enseignant en freelance car je donnais beaucoup de cours particuliers. Je me suis lancé totalement en freelance après mes deux années à Tenerife. Le choix fut difficile car ce fut les deux plus belles années professionnelles salariées que j’ai eues.
Malgré tout, les demandes étaient fortes et aujourd’hui, cela me permet de très bien en vivre car je double mon salaire de prof.
En parallèle, suite à un passage à l’émission télé 66 minutes, j’ai reçu beaucoup de messages de prof voulant exercer à l’identique. J’ai depuis créé un site et un groupe Facebook formant les personnes intéressées à devenir enseignant freelance (voir liens ci-dessous).
Concrètement, j’ai aujourd’hui un emploi du temps chargé avec plus de 25 heures de cours particuliers en visio par semaine. Les cours sont facturés entre 35 et 60€ de l’heure.
Mes élèves sont des élèves qui souhaitent avoir des cours particuliers en plus de cours de collège ou lycée « classiques », en France ou ailleurs, mais aussi des élèves en « instruction à domicile ». Ces derniers sont des enfants ou des ados qui ne sont pas scolarisés dans un établissement mais dont les parents assurent l’instruction à domicile. Mes cours en visio complètent alors l’instruction dispensée par les parents ou ce qui peut être fait par le CNED.
Je ne travaille dorénavant plus qu’en visio comme enseignant en freelance et en profite pour voyager dans le monde. Je vous écris aujourd’hui de l’ile Maurice.
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Sitographie :
Le site de la Mission Laïque Française
Le groupe « prof indépendant freelance » (pour devenir enseignant freelance)
La chaîne YouTube de Julien et sa famille