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Histoires d'expat

Mélanie, professeur des écoles en Californie ; histoires d’expat’

Voici le 1er article d’une série d’histoires d’expatriés. L’expatriation fait rêver beaucoup de monde, et pas que les voyageurs ! Alors pour ceux qui l’ont fait, pourquoi l’ont-ils fait ? Comment cela s’est-il passé ? Découvrez les histoires pas comme les autres de ces Français expatriés. Aujourd’hui nous questionnons Mélanie sur son expatriation d’enseignante. Voici son témoignage sur son expérience d’enseignant en Californie.

enseigner en californie : des payasages incroyables comme le pont de san francisco

Mélanie a eu du mal à me parler de cette expatriation. Et pour cause. Partir travailler en Californie, c’était son rêve, tout simplement. Mais celui-ci ne s’est pas déroulé comme prévu. Et s’est mal terminé. Retour sur une aventure tout en contrastes, entre rêves et réalités.

 

Concrétiser un rêve

Pourquoi as-tu choisi de partir travailler à l’étranger ? Pourquoi aux Etats-Unis ?

Je suis une grande voyageuse depuis toute petite. Mes parents m’ont donné le virus ! Parmi tous mes voyages, j’ai particulièrement aimé les Etats-Unis, découverts pendant mon adolescence. Un séjour à New-York, un autre à Miami et un road-trip en Californie ont fini de me rendre dingue de ce pays ! Alors quand j’ai eu le concours, par hasard, j’avais entendu parler d’écoles américaines qui recrutaient des enseignants français. Après une première année sur le terrain un peu difficile dans une école REP+ de mon département, je n’ai pas hésité à postuler pour concrétiser un rêve : partir travailler aux Etats-Unis.

 

Un recrutement à distance

Comment s’est passé le recrutement pour être enseignant en Californie ?

Il y a, en gros, deux types de postes à l’étranger pour les enseignants. Des postes dans des écoles françaises à l’étranger, qui suivent le programme et les horaires français, en général gérés par l’AEFE. On reste dans l’Education Nationale, avec un salaire et un fonctionnement relativement proches de ce qui peut être connu en France. Et des postes d’enseignants qui sont des postes locaux, avec des salaires à hauteur des revenus des locaux et des programmes parfois très éloignés de ceux de nos écoles…

La plupart des postes proposés aux USA sont des postes locaux. J’ai postulé pour une école en Californie dont je préfère taire le nom. Après deux entretiens sur Skype, j’ai été retenue. J’étais aux anges. Un salaire de 3000$, de petits effectifs dans une école privée plutôt « sélect ». Et le rêve américain à portée de main.

 

Les conditions d’accueil

Quelles ont été les conditions d’accueil en tant qu’enseignant en Californie ?

Le recrutement passé (en mai), j’ai eu des infos au compte-gouttes. C’était une école privée où les parents avaient une bonne image de la France. Et ils voulaient que leurs enfants soient dans une école bilingue américain/français. Contrairement aux écoles françaises où sont majoritairement accueillis des élèves français dont les parents sont expatriés et où les programmes de l’école élémentaire « classiques » sont suivis, là il fallait faire cours en français à des petits américains avec un niveau de français très hétérogène. Tout en suivant le programme américain…

Je n’ai eu aucune aide financière pour le trajet France/USA et le déménagement de mes quelques affaires. Par contre j’ai eu une aide de la part des personnels de direction pour les visas, trouver un logement, gérer la mutuelle…

J’ai plutôt été bien accueillie dans l’école et les collègues m’ont vite mis au courant de la particularité des postes, de la difficulté de jongler entre le programme américain et les compétences en français à acquérir etc… Ils m’ont également mis en garde du coût de la vie.

 

L’intégration d’une expatriée

Comment s’est déroulé ton intégration ? Aussi bien dans l’établissement que dans le pays…

J’étais très jeune et inexpérimentée. Je me suis faite « manger » par les parents. Ils payaient 1200$ par mois pour mettre leur enfant dans cette école. Ils décidaient de tout ou presque. Les rapports avec les parents n’ont rien à voir avec ceux en France, surtout en REP+. Ils étaient tout le temps sur mon dos, une grosse pression doublée par celle mise par la direction. Il fallait toujours plus de réunions, toujours plus d’heures de présence. Des spectacles, des projets, toujours quelque chose de plus. Des élèves pas forcément faciles… Et puis une organisation très spéciale car on était parfois deux dans la classe, un prof américain et moi, il fallait beaucoup coopérer pour s’organiser. C’était intéressant mais intense.

Tout cela a un peu gâché mon rêve américain. J’ai été vite fatiguée de cette pression et des heures de préparation. Quasiment aucun élève n’avait le même niveau, ni en français, ni dans le suivi des programmes, un casse-tête pour une débutante comme moi.

 

Décompression nécessaire

Le week-end, j’essayais de décompresser. J’ai quand même pu visiter Los Angeles, San Francisco et faire la côte Pacifique à mon rythme, comme j’en avais rêvé ! Mais, les soucis financiers m’ont vite rattrapé. Logement, mutuelle, alimentation tout était très cher. Le salaire de 3000$ qui me semblait énorme était en fait très très juste ! Mes économies sont passées dans une voiture qui m’a permis de vadrouiller ici ou là, heureusement. Mais les mois étaient très difficiles à boucler. J’ai déménagé en cours d’année pour une co-location. C’était super de créer des liens forts avec des co-locs.

Skype a été mon ami… Pas les moyens de rentrer à Noël (billets très chers pendant les vacances scolaires évidemment), alors pour être en contact avec ses proches. Ils ont été là pour mle soutenir et me rappeler que j’avais de la chance de vivre cette expérience extraordinaire !

Niveau moral j’ai fait les montagnes-russes. Un jour au top, sentiment de liberté, le climat exceptionnel de la Californie, les grosses américaines, les belles maisons, le shopping de folie et le lendemain, coup de mou en consultant le compte en banque et en rentrant à 20h après une journée non-stop de 12 heures.

 

Une expérience difficile

Que t’a apporté cette expérience ?

Cette expérience a été à la fois fantastique (surtout au début et les préparatifs je dois dire) et terrible. Je me suis rendue compte à quel point j’étais encore trop fragile, et inexpérimentée. J’ai vu de paysages fabuleux, j’étais fière de vivre là-bas, j’ai rencontré de -rares- collègues sympas, de supers co-locs et tout cela m’a rendu plus forte pour exercer ma métier ici, en France. Mais la pression à l’école, le grand nombre d’heures de travail (préparation et temps dans l’école, moins de vacances…), et les difficultés financières m’ont fait abréger cette folle année. En mars, je n’en pouvais plus. J’étais au bord de la dépression et je n’avais plus un dollar. J’ai utilisé mes 800 derniers dollars pour rentrer, la queue entre les jambes comme on dit…

J’ai su rebondir sur mon nouveau poste à la rentrée suivante, de retour dans mon département, heureusement.

 

Conseils pour une expatriation réussie

Quels conseils donnerais-tu à un enseignant qui souhaiterait partir travailler à l’étranger ?

Tout d’abord, éviter les contrats locaux ! Ou alors, bien les étudier. Se renseigner longuement sur le coût de la vie. Ne pas partir sur un coup de tête mais bien tout réfléchir. Négocier les conditions ; avoir au moins un billet aller-retour, car déménager, s’installer, ça coûte cher, très cher ! Essayer de contacter les collègues sur place avant de signer le contrat. Des choses qui me semblent basiques maintenant mais que j’avais complètement occultées…

Et si vous avez l’occasion de tenter l’expérience en ayant pris toutes ces précautions, n’hésitez pas !

 

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14 Comment

  1. Je suis également enseignante en France, professeure des écoles, depuis quelques années. J’ai toujours rêver de partir vivre aux USA, de réaliser ce rêve de gamine qui combinerait enseignement et USA…mais je n’ai jamais osé sauter le pas et actuellement, ce n’est plus possible. Cependant, cela reste dans un coin de ma tête et je ne désespère pas de pouvoir le vivre un jour. Mais, je ne pensais pas que cela serait si difficile et la description que tu en fais dans l’article me pousse à m’interroger sur ce projet…Merci en tout cas car cela permet de comprendre mieux certaines choses.

    1. Dans les contrats locaux il y a vraiment de tout. Partir sur un poste AEFE c’est quand même une certaine sécurité. Sauf qu’il faut souvent de l’expérience pour les avoir…. Compliqué !

      1. Bonjour, nous souhaitons postuler sur un poste de pe à San Diego dans la petite école. Pouvez vous juste nous dire si vous connaissez…. Merci d’avance.

        1. Bonjour, non je ne connais pas. Il y a un sujet spécial postes à l’étranger sur le forum enseignants du primaire. Voir aussi certaines pages facebook. Bon courage

  2. Bonjour, il me semble que mon message de demande de renseignements ait été supprimé … connaissez vous des écoles sur San Diego? Nous avons reçu une proposition de « la petite école » Merci d’avance pour votre réponse.

    1. Bonjour,
      Non il n’a pas été supprimé, j’y ai déjà répondu, non je ne connais pas. Il y a un sujet spécial postes à l’étranger sur le forum enseignants du primaire. Voir aussi certaines pages facebook.
      Bon courage

  3. Bonjour j’aimerai devenir professeur en petite école (maternelle) passer mes études en France ainsi que le concours puis postuler et emménager en Amérique mais à faire progressivement c’est possible ?

    1. Bonjour, nous ne sommes pas spécialistes en la matière mais il semble bien que ce soit le parcours « normal ».

  4. Bonjour,
    Je vais « rassurer » Mélanie, sa réalité est celle vécue partout en Amérique du Nord, même au Canada (et même au Québec) :
    * parents ominiprésents qui mettent la pression aux enseignants ou qui se plaignent constamment à la direction, elle aurait donc vécu la même chose au privé mais aussi au public, si si, c’est une croyance (justifiée parce qu’en France au public, on a moins ce genre de difficultés avec les parents).
    * les élèves, à qui on a donné tous les droits trop jeunes et qui ne savent oas mettre des limites dans leur propos, concernantes difficultés scolaires, elles sont plus grandes en français (au QC en l’occurrence c’est terrible 😱, le niveau de francais est plus bas que celui d’une classe en REP).
    Mélanie a connu un burn-out aussi, pour une raison dont elle ne semble pas avoir compris l’importance : le calendrier scolaire: il y a très peu de congé pour les enseignants, au Canada c’est ainsi, parce que lorsque les élèves ont une journée pédagogique où ils ne sont pas en classe, on colle aux profs des réunions souvent inutiles au QC, ce qui empêche de pouvoir travailler ses planifications de cours, sans compter kes réunions en dehors. Un enseignant n’a pas de congés, qui dans le système français aident à se détendre a minima.

    Pour conclure, ce qu’elle a vécu, elle l’aurait vécu avec plus d’expérience et partout en Amérique du Nord et cela aurait été pire si vous êtes d’une origine ethnique visible, avec le racisme systémique au QC du moins, mais je peux m’avancer que c’est le cas au Canada.

    1. Merci pour cette analyse ! Il faut bien avouer qu’être enseignant semble être de plus en plus difficile où que ce soit.

  5. Les situations et contextes des établissements scolaires homologués AEFE sont très diversifiés. L’ambiance dépend tout à la fois de la direction que de la politique du Board (Conseil d’administration – but non lucratif) ou propriétaire (lucratif). Ceci est le cas rien que dans la Baie de San Francisco et ses différents établissements, De la petite structure aux deux grands établissements avec lycée. Les salaires varient et les aides à emménager existent bien pour certaines structures mais peuvent varier selon chaque cas. Cela va de la prime d’installation à un accueil en famille le temps de se retourner. Les programmes, généralement bilingues, peuvent aussi être plus marqués par une dimension française, internationale ou simplement américaine (j’enseigne en français le programme de l’Etat ou de la Province). L’entretien et la proposition de poste permet de percevoir ces différences dans le degré du nécessaire accompagnement de nos enseignants dans leur installation mais aussi et encore plus, dans l’aide apportée tout au long de leur première année d’ajustement. J’ai personnellement connu une très belle expérience d’enseignant venant avec sa famille de deux enfants à Philadelphie. j’ai enchainé par deux postes de direction au Canada et à San Francisco et une coordination CODFIL en Louisiane. J’ai gardé de très beaux souvenirs de ces quatre étapes de vie en Amérique du Nord. Il faut y aller pour découvrir une autre culture, qui peut être différente selon les Etats et Provinces et vouloir s’y adapter. On ne s’y enrichit pas financièrement mais il faut assez gagner pour bien vivre son expérience. On risque de souffrir si on pense enseigner comme en France (ce ne sera pas possible). Bref, une très belle expérience professionnelle et familiale que je souhaite à tous qui s’engagent en toute conscience de ces contextes et exigences.

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