LA PTITE FAMILLE BAROUDEUSE

Idées voyage originales et conseils pour famille, couple ou solo
Histoires d'expat

Histoires d’expat – enseigner à Madagascar

Dans notre série de témoignages sur l’expatriation et travailler à l’étranger, voici l’histoire d’expat de Cécile, enseignante à Madagascar. Comment vit-on à Tananarive, la capitale ? Comment enseigner à Madagascar ? Retour sur un parcours atypique et varié ainsi que sur les conditions de vie sur l’île rouge.

 

Quelques éléments sur ce pays fabuleux mais menacé qu’est Madagascar avant de passer à l’interview.

Madagascar, une île-continent exceptionnelle

Madagascar est une immense île, située au large de l’Afrique australe, dont la superficie dépasse celle de la France. Elle mesure 1 580 km de long et 580 km de large.

Une biodiversité exceptionnelle

Pays des lémuriens, tortues, caméléons, ou autres baobabs, on trouve sur cette île environ 5% des espèces animales et végétales du monde !

Madagascar est un endroit exceptionnel pour observer la nature. De très nombreuses espèces ne vivent que sur cette île. Par exemple, 75 des 150 espèces de caméléons connues dans le monde ne se trouvent qu’à Madagascar.

Lors de la dérive des continents, Madagascar s’est détachée de l’Afrique. Ainsi isolée, des espèces qui n’existent nulle part ailleurs s’y sont développées: 98 pour cent des mammifères, 91 pour cent des reptiles et 80 pour cent des plantes qui s’y trouvent sont endémiques (source WWF).

Une île menacée

La richesse exceptionnelle offerte par la nature et l’extrême pauvreté de la population a malheureusement transformé l’île en paradis menacé.

Les forêts, les récifs coralliens, le littoral, de très nombreuses espèces végétales et animales sont détruites ou menacées de destruction par les activités des hommes (défrichement par le feu, chasse illégale, commerce de reptiles…) .

Une pauvreté inquiétante

Madagascar compte environ 28 millions d’habitants et affiche l’un des taux de pauvreté les plus élevés au monde.

Le Covid a durement frappé son économie et Madagascar pourrait mettre une décennie à inverser la perte de revenus survenue pendant la crise du COVID de 2020-22 selon certaines estimations.

Les habitants souffrent d’un taux de malnutrition parmi les plus élevés au monde ; peu d’enfants sont scolarisés, l’illettrisme atteint des sommets. Un tiers de la population est en situation d’insécurité alimentaire.

Ces populations sont, de plus sévèrement, touchées par des conditions climatiques locales difficiles.  L’agriculture est presque impossible dans certaines parties de l’île à cause de la sécheresse. Des régions n’ont pas reçu de précipitations depuis plusieurs années. Des tempêtes de sable transforment des terres exploitables en friches.

Ce « portrait » rapide nous semblait important pour bien comprendre le contexte d’un travail d’expatrié et se rendre compte de ce qu’implique, pour la vie professionnelle et personnelle, d’ enseigner à Madagascar.

Quel est le poste que vous occupez actuellement à Madagascar ?

Je suis au lycée français de Tananarive, la capitale du pays. J’enseigne au 2nd degré, pour des classes de collégiens.

Le collège et le lycée sont regroupés sur le site d’Ambatobe, ainsi que les quatre écoles primaires. Ces établissements font partie d’une même structure appelée Lycée français de Tananarive (LFT). Celui-ci fait partie du réseau AEFE.

Les écoles, comme le collège et le lycée suivent les mêmes programmes que les structures scolaires françaises situées en métropole.

Le français est la langue d’enseignement et de communication.

Au collège, il y a 7 classes de 6ème, de 5ème et de 4ème, alors que les 3èmes sont repartis sur 8 classes. Le lycée compte quant à lui 34 classes avec des filières générales, professionnelles, STMG et AgorA.

Comment décrire la vie au quotidien à Tananarive (Antananarivo) ?

C’est une grande ville avec les inconvénients qui vont avec. Notamment, beaucoup de circulation.  Le climat est agréable. Peu de gens le savent, mais cette ville se situe à 1400m d’altitude. Donc il fait plus frais qu’on ne pourrait penser mais c’est agréable.

En ce moment, c’est la saison des pluies (de novembre à mars), les averses se concentrent surtout en fin de journée, ce n’est pas donc pas si gênant.

La pauvreté peut être « choquante » pour certains d’entre nous. Il faut s’y préparer en cas de venue mais la population locale n’est pas agressive envers les Européens ou les Français malgré l’histoire coloniale.

Un autre point qui est peut-être perturbant quand on vient à Madagascar, c’est probablement les transports.

Les distances ne se comptent pas en kilomètres mais en temps, et surtout en heures ! Le réseau routier est dans un très mauvais état. Par exemple, pour aller à la mer à Tamatave (côte Est) de Tananarive, il y a 350km. Il faut 10 heures de route !

Et si on veut aller sur la côte ouest, à Tulear, il faut 2 jours de route pour parcourir les 900km…

Il y a quelques lignes ferroviaires intérieures.

Heureusement,  les environs proches de Tananarive sont sympas avec plein de randos à faire.

madagascar

Un autre point important à prendre en compte est le prix élevé des billets Paris-Antananarive. Par exemple, pour 2023, il est difficile de trouver des billets A/R à moins de 1500€. Et en période de vacances scolaires, ça grimpe à plus de 2000€ ! Il n’y a « que » 11 heures de vol mais peu de compagnies  desservent cette destination et les prix ont beaucoup augmenté depuis début 2022.

Quels sont les points les plus positifs de votre expérience d’enseignement à Madagascar ?

Les élèves sont extrêmement gentils ! Et la plupart des parents aussi. Ca fait du bien de travailler dans ces conditions.

Du côté finances, c’est intéressant car le coût de la vie est très bas ici. Donc avec un salaire de prof français, on vit bien.

Enfin, les paysages sont fabuleux et le pays a une faune et une flore d’une richesse incroyable.

Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai été archéologue en Syrie et Jordanie puis je me suis tournée vers l’enseignement.

J’ai effectué des contrats locaux en Jordanie, Espagne, Qatar, Maroc. Ces expériences m’ont bien aidée pour obtenir ce poste de résident et ainsi enseigner à Madagascar.

 

Comment s’est passé le recrutement ?

J’ai constitué le dossier demandé par le lycée pour enseigner à Madagascar : CV, pièces justificatives des expériences diverses et CV. Mon dossier a été classé dans une commission paritaire dont le barème avait été préétabli. Les critères déterminants étaient petits échelons et bonne évaluation au PPCR.

J’ai été contactée par mail par le chef d’établissement et j’avais 48h pour me décider. Après avoir répondu positivement, j’ai été rapidement aiguillée vers les personnes sur place et à Paris pour lancer les procédures de détachement.

 

Quel a été l’accueil à Tananarive ?

Mon arrivée à été épique en pleine fermeture des frontières pour cause de covid. L’accompagnement de la direction en lien avec l’ambassade était très appréciable. Prévenue par la compagnie aérienne à 5h du matin que je décollais à 15h. Des collègues m’ont accueilli et logé le temps de trouver un logement. Je pouvais alors enseigner à Madagascar !

 

Quels conseils donneriez-vous pour réussir son expatriation à Madagascar ?

Etre conscient de la pauvreté de l’île. Ralentir son rythme : ici c’est le pays du Mora Mora « Doucement, doucement ».

Les coupures d’eau et d’électricité sont fréquentes. A Tananarive on trouve la plupart des produits courants qu’on peut trouver en métropole, mais c’est moins vrai dans les autres villes malgaches.

Internet et la 4G fonctionne plutôt bien.

Il y a une communauté française assez importante et le français est beaucoup parlé à Madagascar. Il y un institut français assez actif pour la culture. Pas mal de restaurants pour ne pas perdre le bonnes habitudes culinaires 🙂 Il y a même un Super U.

Dernier point, attention à la pollution à Tana, mieux vaut vivre sur les hauteurs.

 

D’autres histoires d’expat :

Mélanie, enseignante en Californie

Julien, enseignant freelance

Nicolas : enseigner aux USA, Utah

Comment avoir une bonne couverture santé à l’étranger ?

 

Evaluer ce post

3 Comment

  1. « Les critères déterminants étaient petits échelons et bonne évaluation au PPCR…. » les CAPA-cad le snes- existent encore à l’AEFE? encore et toujours des économies…les vieux paient les pots cassés de cette politique de réduction des coûts (au detriment de l’expérience)et sont bloquées en métro…. 4eme echelon classe exceptionnelle, fini pour moi, je le crains…content que vous ayez apprécié en tous cas…blog bien fait.

    1. Effectivement, j’ai l’impression que les petits échelons sont privilégiés un peu partout. d’une part salaire moins élevé et aussi famille plus réduite donc moins de frais de scolarité…

  2. Merci de m’avoir faire reploner dans mes années d’enseignement à Tuléar entre 1999
    à 2001.
    Portrait réaliste.
    Mada notre terre de coeur ou nous avons adopté nos 2 enfants.
    Agnès

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *