Pointe-à-Pitre, ville principale de la Guadeloupe, ne se limite pas à ses marchés animés et son patrimoine historique. En se promenant dans ses rues, nous avons découvert un musée à ciel ouvert où le street art s’expose partout et raconte l’histoire de l’île, ses luttes, sa culture et ses espoirs. Suivez-nous pour une balade streetart à Pointe-à-Pitre de 2 heures.
Faut-il aller à Pointe-à-Pitre ? Que voir à Pointe-à-Pitre ?
La question peut sembler incongrue. Pointe-à-Pitre est la plus grande ville de Guadeloupe mais elle n’apparaît pas dans de nombreux itinéraires proposés par des guides touristiques ou des blogs. En effet, il y a tellement de choses à voir en Guadeloupe hors de Pointe-à-Pitre que beaucoup font l’impasse sur cette ville.
Néanmoins, si vous restez 2 semaines ou que c’est votre 2ème voyage en Guadeloupe, nous vous recommandons de vous intéresser à Pointe-à-Pitre qui est une ville authentique et peu fréquentée par les touristes.
Sécurité à Pointe-à-Pitre
On peut avoir une impression d’insécurité à Pointe-à-Pitre. En effet, dans certains quartiers, les habitations sont délabrées, les locaux peuvent avoir un regard peu accueillant envers les touristes et les « crackés » sont assez nombreux, déambulant tels des zombies dans les rues.
Cependant, la réalité et les chiffres démontrent que Pointe-à-Pitre n’est pas une ville particulièrement dangereuse. Le taux de criminalité y est deux fois moins important qu’à Marseille ou à Lyon par exemple. Les crackés peuvent être certes un peu flippants mais au pire, ils viennent vous voir et raconter un truc incompréhensible puis repartent.
Pour toutes ces raisons, nous n’avons pas hésité à aller à Pointe-à-Pitre qui est une ville intéressante à visiter. Nous y sommes allés le matin de bonne heure ce qui permet d’éviter de croiser d’éventuelles personnes non recommandables.
Que voir à Pointe-à-Pitre ?
La question sécuritaire passée, reste à savoir ce qu’il faut voir à Pointe-à-Pitre.
Voici ce que nous vous recommandons pour passer une journée complète à Pointe-à-Pitre :
- la balade streetart dont nous allons parler dans cet article
- le Mémorial ACTE, un lieu de mémoire passionnant sur l’esclavage en Guadeloupe et dans le monde
- la place de la Victoire, ses boutiques et son marché (on y passe lors du parcours streetart)
- l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, monument emblématique de la Guadeloupe, le plus grand édifice religieux de Pointe-à-Pitre
- le port de pêche
- le musée Saint-John-Perse de Pointe-à-Pitre établi dans une des plus belles demeures coloniales de la ville
Pourquoi commencer le parcours streetart tôt le matin ?
Nous vous conseillons de commencer la boucle streetart tôt le matin pour plusieurs raisons :
- avec le décalage horaire, vous serez réveillés tôt, autant en profiter. Comme il peut faire un peu frais pour la plage (genre 25° !), c’est le moment idéal pour les visites culturelles ou les randos
- pour les raisons de sécurité énoncées ci-dessus, on est sûrs d’être tranquilles tôt le matin
- les marchés ne sont pas encore trop fréquentés
- les stores des magasins sont tous baissés ; il y a beaucoup de fresques sur ces volets métalliques. Faire la balade après 10 heures risque de vous faire rater de nombreuses oeuvres streetart
Notre parcours street-art
Où se garer ?
Nous avons facilement trouvé une place gratuite devant l’entrée du Mémorial ACTE. C’est pratique de se garer à cet endroit puisque ce quartier regorge d’oeuvres streetart et sera notre point de départ. Mais aussi parce qu’une fois la boucle streetart effectuée, il n’y a pas besoin de bouger la voiture ni de se déplacer, on est sur place pour visiter le Mémorial ACTE qui est un incontournable de toute visite ici.
Le parcours
La boucle streetart commence du parking où nous plaçons notre voiture de location à 8h; il suffit de se retourner pour voir sur les façades des immeubles les premières fresques.
Rue Raspail
Nous prenons alors la rue Raspail sur la gauche.
Numéro 3 s’extasie devant cette maison abandonnée dont les fenêtres forment les yeux de cet étrange individu.
Nous tournons à gauche rue Débouchage.
Rue Débouchage
On continue puis on passe le collège devant lequel se trouve la fresque « mé 67 ».

Cette fresque commémore les évènements tragiques de mai 1967 et rappelle que les questions raciales sont encore vives en Guadeloupe, notamment à Pointe-à-Pitre. Les émeutes de mai 1967 en Guadeloupe ont eu lieu à Pointe-à-Pitre du 26 au 28 mai, sur fond de tensions sociales et raciales. Elles ont été déclenchées par des grèves ouvrières et une déclaration raciste attribuée à un représentant patronal. La répression fut violente, avec un bilan officiel de 7 morts, mais des estimations allant jusqu’à 200 victimes. Ces événements ont marqué la mémoire collective guadeloupéenne et sont commémorés régulièrement.
On tourne à droite sur le quai Gatine.
Quai Gatine, place de la Victoire et quai Lardenoy
Nous logeons le quai et le marché aux poissons puis arrivons, en tournant à gauche, devant la place de la Victoire.
On longe la place et la mer puis on tourne à gauche sur le quai Lardenoy.
Rue Frébault et rue Saint-John-Perse, le marché
Ensuite, nous avons flâné un peu au hasard dans les rues du quartier pour rejoindre la rue Saint-John-Perse où se trouve le marché, via la rue Frébault.
Un petit détour par le marché pour acheter des épices et nous reprenons la rue piétonne Frébault, tournons à droite pour déboucher devant la Mairie.
Face à la Mairie se trouve le point d’orgue de notre visite, the cherry on the cake : le Centre des Arts et de la Culture.
Le Centre des Arts et de la Culture
L’histoire de ce bâtiment peut paraître, selon son humeur, soit cocasse, soit pathétique.
Le Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre a été conçu en 1965 pour promouvoir les arts, mais sa construction, débutée en 1976, s’est faite sans soutien direct de l’État. Inauguré en 1978, il a accueilli de grands artistes jusqu’à sa fermeture en 2009 pour rénovation. Les travaux, ralentis par divers obstacles, ont pris du retard, entraînant l’occupation du site par un collectif d’artistes en 2021. En 2024, un projet de réhabilitation a été relancé, avec l’espoir d’une réouverture prochaine, potentiellement sous le nom de Maryse Condé.
Ce bâtiment immense est donc à l’heure actuelle à l’abandon depuis plus de 15 ans. Ce collectif le fait actuellement vivre, ayant transformé les lieux en un endroit unique qui mêle, lors de sa visite, urbex et streetart.
L’extérieur
De nombreuses fresques ornent les murs du bâtiment mais aussi certains murs extérieurs. Quelques installations provisoires bringuebalantes et autres carcasses de voiture abandonnées donnent un aspect singulier aux abords du Centre des Arts et de la Culture qui émerveille et attire irrésistiblement Numéro 3.

L’intérieur
L’entrée n’est pas clairement indiquée. On distingue d’abord quelques brides de conversations et des rires provenant de l’intérieur, puis, en s’approchant, des odeurs de substances légèrement illicites arrivent jusqu’à nos narines.
Numéro 3 et moi-même restons à une distance de sécurité d’une dizaine de mètres, l’accès étant sombre et peu accueillant mais finalement, c’est Elle qui ose s’approcher et demander si on peut entrer.
D’un rire guttural, un des occupants répond que bien sûr, en indiquant une grosse aux lettres où il est recommandé de contribuer.
Nous glissons un billet de 5€ et entrons, intrigués.
Nous montons directement à l’étage et une partie d’urbex commence à travers les couloirs et les étages en travaux. Des fresques ornent tous les murs, des poèmes interpellent les visiteurs régulièrement.
Nous passons d’un étage à l’autre et nous amusons à nous perdre dans ce dédale de salles. On découvre même une batterie ou un salon/ bibliothèque !
Nous sortons ravis de cette visite que nous vous recommandons chaudement.
Cette vidéo vous donnera un aperçu de cet endroit incroyable :
Nous nous sommes aidés de cette excellente carte qui répertorie toutes les fresques en Guadeloupe.
Retour vers le Mémorial ACTe
Il n’est pas encore tout à fait 10 heures quand, après une petite pause pour nous remettre de cette visite incroyable, nous reprenons la direction du Mémorial ACTe.
Nous passons par la rue du Cdt Mortenol, arrivons à la place de la Victoire puis suivons les mêmes rues que celles empruntées au début de la boucle en passant devant le collège puis la rue Raspail.
En bref, la balade streetart à Pointe-à-Pitre
On ne pensait pas voir autant de fresques lors de cette balade au coeur de Pointe-à-Pitre. Suivre ce parcours est un bon moyen de découvrir la ville avant de s’attarder sur certains points d’intérêt. Reste à voir ce que va devenir le Centre des Arts et de la Culture, mais tant que les travaux n’ont pas repris, foncez le visiter !
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